Série entière
En mathématiques et spécifiquement en analyse, une série entière est une série de fonctions de la forme
Page(s) en rapport avec ce sujet :
- Comme indiqué dans la présentation, une série entière est une série de fonctions \sum_{k=0}ˆ\infty u_n (z) où u_n : z \longmapsto a_n zˆn... (source : fr.wikiversity)
En mathématiques et spécifiquement en analyse, une série entière est une série de fonctions de la forme
où les cœfficients an forment une suite réelle ou complexe. La série est dite entière du fait qu'elle fait intervenir des puissances entières.
Les séries entières possèdent des propriétés de convergence remarquables, qui s'expriment pour la majorité avec une grandeur associée à la série, son rayon de convergence R. Sur le disque de convergence (disque ouvert de centre 0 et de rayon R), la fonction somme de la série peut être dérivée indéfiniment terme à terme.
Réciproquement, certaines fonctions indéfiniment dérivables peuvent être écrites au voisinage d'un de leurs points c comme somme d'une série entière de la variable z-c : celle-ci est alors leur série de Taylor. On parle dans ce cas de fonctions développables en série entière au point c. Quand une fonction est développable en série entière en chacun de ses points, elle est dite analytique.
Les séries entières apparaissent en analyse, mais également en combinatoire comme fonction génératrice et se généralisent dans la notion de série formelle. Dans la théorie des nombres, le concept de nombre p-adique est proche de celui de série entière.
Définitions
Dans ce qui suit, la variable z est réelle ou complexe.
Série entière
Une série entière de variable z, est une série de terme général , où n est un entier naturel, et
est une suite de nombres réels ou complexes. L'usage veut qu'on adopte la notation
ou
pour parler d'une série entière, alors qu'on écrira
pour son éventuelle somme, en cas de convergence, pour un z donné.
Rayon de convergence
Une bonne partie des propriétés de convergence de la série peut être exprimée avec la quantité suivante, nommée rayon de convergence de la série
.
Ces propriétés se fondent sur le lemme suivant, dû à Abel, mais qu'il ne faut pas confondre avec le théorème d'Abel, lequel est utilisé pour démontrer la continuité de la somme de la série à la frontière du disque de convergence.
Lemme d'Abel — Soit un réel est bornée, alors la série
converge totalement pour
.
Si , alors
.
Le premier des termes de ce produit est borné, le second forme une série géométrique de raison strictement inférieure à 1. Par comparaison de séries à termes positifs, la conclusion s'ensuit.
Dès lors, il est envisageable de préciser le mode de convergence de cette série de fonctions
- La série entière converge totalement pour tout complexe z de module strictement inférieur au rayon. Le disque ouvert de centre 0 et de rayon R est nommé disque ouvert de convergence.
- La série diverge grossièrement (c'est-à-dire que le terme général ne converge pas vers 0) pour tout complexe z de module strictement supérieur au rayon.
- Pour tout réel r strictement inférieur au rayon, il y a convergence normale sur le disque fermé de centre 0 et de rayon r.
Dans le cas où la variable x est réelle, on parle toujours de disque ouvert de convergence, quoique cela sert à désigner un intervalle de la droite réelle (] − R; + R[).
Quand le rayon est illimité, le disque ouvert de convergence est la totalité du plan complexe (ou de la droite réelle). Par contre il n'y a à priori convergence normale que sur les disques fermés de rayon fini. Un rayon nul veut dire qu'il y a divergence en tout point autre que z=0, comme c'est le cas par exemple pour la série .
Ces propriétés ne règlent pas l'ensemble des questions de convergence. Surtout, aux points de module R, il peut y avoir convergence ou non, et convergence avec ou sans convergence absolue. A titre d'exemple, les séries entières ,
et
ont pour rayon de convergence 1, la série entière
converge totalement en tout point de module 1 tandis que
ne converge totalement en aucun point de module 1 mais converge en tout point autre que 1 et la série entière
ne converge en aucun point de module 1.
Calcul du rayon de convergence
La formule de Hadamard donne l'expression du rayon de convergence en termes de limite supérieure
.
Cette formule découle de l'application de la règle de Cauchy.
Dans la pratique, si les an sont non nuls, il est quelquefois envisageable d'appliquer la règle de d'Alembert :
- Si
(limite peut-être illimitée), alors le rayon de convergence est égal à 1/L.
A titre d'exemple, la série entière admet un rayon de convergence égal à
.
Mais il est fréquemment plus efficace d'employer les propriétés de convergence pour donner d'autres caractérisations du rayon de convergence. A titre d'exemple, le rayon est la limite supérieure des modules des complexes z pour lesquels la suite de terme général anzn converge vers 0.
Fonction somme
Si est une suite complexe telle que la série entière
admet un rayon de convergence R strictement positif, on peut alors définir sa fonction somme, en tout point de convergence, par
Cette fonction est surtout définie sur le disque de convergence D (0, R) .
Il existe une grande variété de comportements envisageables pour la série et la fonction somme au bord du domaine de définition. Surtout, la divergence de la série en un point de module R n'est pas incompatible avec l'existence d'une limite en R pour la fonction. Ainsi par somme d'une série géométrique,
La fonction se prolonge par continuité en -1 et 1 qui sont néenmoins des valeurs pour lesquelles la série diverge.
Exemples
Une fonction polynôme réelle ou complexe est une série entière de rayon de convergence illimité.
La série géométrique a pour rayon de convergence 1 et sa fonction somme vaut
sur le disque ouvert D (0, 1).
La série entière a un rayon de convergence illimité. Sa fonction somme, définie dans tout le plan complexe, est nommée fonction exponentielle complexe. C'est à partir d'elle que sont analytiquement définies les fonctions sinus et cosinus.
La série entière a un rayon de convergence égal à 1. Elle forme une détermination du logarithme complexe de 1 + z, par conséquent apporte une réciproque d'une restriction de l'exponentielle complexe.
Opérations sur les séries entières
Les propriétés qui suivent seront énoncées pour deux séries entières et
, de rayons de convergence respectifs R et R′, et dont les fonctions somme s'écrivent
Somme et produit
La somme des séries entières f et g est une série entière. Si R et R′ sont différents, son rayon est le minimum de R et R′. S'ils sont égaux, elle a un rayon supérieur ou égal à cette valeur commune.
On peut former le produit des deux séries entières, en utilisant les propriétés du produit de Cauchy des séries à termes complexes. Ainsi la série produit se calcule par la formule
Elle admet un rayon de convergence supérieur ou égal au minimum des deux rayons.
Substitution
Sous certaines conditions, il est envisageable d'effectuer la substitution d'une série entière dans une autre, ce qui conduit à composer les fonctions sommes.
La composition est envisageable si les rayons de convergence des deux séries sont non nuls, et si le cœfficient a0 = f (0) est nul. La série obtenue par substitution est de rayon strictement positif. Sur un disque suffisamment petit inclus dans le disque de convergence, la somme de la série est la composée .
La substitution peut surtout être utilisée pour le calcul, lorsqu'il est envisageable, d'inverse d'une série entière, puis du quotient de deux séries entières.
Dérivation
La série est nommée série dérivée de la série
. Une série admet le même rayon de convergence que sa dérivée, et si cette valeur commune est strictement positive, il est envisageable de dériver terme à terme la série dans le disque de convergence
Pour une série entière de la variable réelle, la fonction somme associée est par conséquent dérivable sur ]-R, +R[, et même de classe , dans la mesure où il est envisageable d'effectuer p dérivation successives terme à terme, l'ensemble des séries dérivées successives ayant même rayon de convergence.
Pour une série de la variable complexe, la dérivée est à prendre au sens complexe aussi, c'est-à-dire que la fonction somme est holomorphe dans le disque de convergence.
Fonction développable en série entière
Une fonction f de la variable réelle ou complexe, définie au voisinage d'un point c, est dite développable en série entière au voisinage de c s'il existe une série entière de rayon R strictement positif telle que
.
Au sujet de l'existence et de l'unicité du développement
Une fonction f développable en série entière est obligatoirement de classe au voisinage de c. Le cœfficient d'indice n du développement est donné par la formule
Ceci montre que si le développement en série entière existe, il est unique, et donné par la série de Taylor de la fonction au point c.
Il ne suffit pas qu'une fonction soit pour qu'elle soit développable en série entière.
On peut donner comme contre-exemple la fonction définie sur la droite réelle par , prolongée par continuité par f (0) =0. En effet cette fonction est dérivable à tout ordre, de dérivée valant 0 à l'origine. Sa série de Taylor en 0 est la série nulle. Elle admet un rayon de convergence illimité, mais n'a pour somme f (x) en aucun point autre que 0.
Développements usuels en séries entières
Ces développements usuels sont fréquemment particulièrement utiles dans le calcul d'intégrales. Ils sont donnés ici avec indication du rayon de convergence dans le champ complexe ou réel.
, et surtout,
.
Remarque : on peut aussi écrire
fonction zêta de Riemann, dont on connaît, pour tout p entier pair - non nul - une expression explicite sous forme du produit d'un rationnel par une puissance paire de π).
Fonctions analytiques
Une fonction de la variable réelle ou complexe, définie sur un ouvert U, est dite analytique sur U quand elle admet un développement en série entière en tout point de U.
La fonction somme f d'une série entière de rayon de convergence R strictement positif est elle-même analytique sur son disque ouvert de convergence D (0, R) . Ceci veut dire qu'on peut changer d'origine pour le développement en série entière : exactement, si z0 est un complexe de module strictement inférieur à R, alors f est développable en série entière sur le disque de centre z0 et de rayon R − | z0 |.
Les fonctions analytiques jouissent de propriétés remarquables. Selon le «principe des zéros isolés», les points d'annulation d'une telle fonction sont des points isolés. Le «principe du prolongement analytique» indique que, si deux fonctions analytiques sont définies sur un ouvert connexe U et coïncident sur une partie A incluse dans U présentant au moins un point d'accumulation, alors elles coïncident sur U.
En analyse complexe, on établit que toute fonction holomorphe (c'est-à-dire dérivable au sens complexe) sur un ouvert U est indéfiniment dérivable en tout point comparé à la variable complexe et est même analytique. Au contraire en analyse réelle, il existe de nombreuses fonctions non analytiques.
Comportement au bord du domaine de convergence
Théorème de convergence uniforme d'Abel
Le théorème d'Abel donne une propriété de continuité partielle de la fonction somme quand il y a convergence de la série entière en un point de son cercle de convergence.
Exactement, soit une série entière de rayon de convergence R strictement positif fini. On suppose qu'en un point z0 de module R, la série est convergente. On considère un triangle T ayant pour sommets z0 d'une part et deux points de module strictement inférieur à R d'autre part. Alors la série converge uniformément sur T.
Surtout, il y a convergence uniforme sur le segment [0, z0]. Ce cas spécifique est nommé théorème d'Abel radial.
Points singuliers et réguliers
Soit une série entière de rayon de convergence R strictement positif fini, et f la fonction somme. Un point z0 de module R est dit régulier s'il existe un disque ouvert D centré en ce point tel que f se prolonge en une fonction analytique à
. Dans le cas opposé, le point est dit singulier.
Parmi les complexes de module R, il existe toujours un point singulier.
Voir aussi
Rubriques connexes
- Toute fonction développable en série entière est une fonction de classe
.
- Une fonction analytique est une fonction développable en série entière au voisinage de tout point.
- Les notions de fonction analytique complexe et de fonction holomorphe coïncident.
- Ces notions nécessitent quelques connaissances en topologie, concernant les ouverts et la connexité.
- Voir aussi les développements eulériens
Bibliographie
- Henri Cartan, Théorie élémentaire des fonctions analytiques d'une ou plusieurs variables complexes [détail des éditions]
- Jean Dieudonné, Calcul illimitétésimal [détail des éditions]
Recherche sur Amazon (livres) : |
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 10/03/2010.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.