Groupe cyclique
En mathématiques et plus exactement en algèbre, un groupe cyclique, ou groupe monogène est un groupe dans lequel il existe un élément a tel que tout élément du groupe puisse s'exprimer sous forme d'un multiple de a.
Page(s) en rapport avec ce sujet :
- Si x + abZ est un élément inversible de l'anneau Z/abZ, c'est-à-dire si x est ... Par conséquent Un admet un sous- groupe non cyclique et n'est par conséquent pas cyclique.... (source : fr.wikiversity)
En mathématiques et plus exactement en algèbre, un groupe cyclique, ou groupe monogène est un groupe dans lequel il existe un élément a tel que tout élément du groupe puisse (en notation additive) s'exprimer sous forme d'un multiple de a. Sa structure est simple : il n'existe, à isomorphisme près, qu'un seul groupe cyclique illimité : le groupe Z des entiers relatifs, et (pour tout entier naturel n) qu'un seul groupe cyclique d'ordre n : le quotient Z/nZ de Z par le sous-groupe des multiples de n. Les groupes cycliques sont importants en théorie des groupes et généralement en algèbre. On les retrouve, par exemple, en théorie des anneaux et dans la théorie de Galois.
Définitions
- Un groupe cyclique est un groupe monogène, i. e. engendré par un singleton[1]. L'expression cycle pour désigner un groupe cyclique est aussi utilisée, mais comporte un risque de confusion avec la notion de permutation circulaire.
- Soit G un groupe et a un élément de G, alors le groupe génèré par a, noté <a>, est le plus petit sous-groupe de G contenant a.
- L'ordre d'un élément d'un groupe est l'ordre du sous-groupe génèré par cet élément. L'ordre de a est noté |a| ou o (a). Quand il est fini, on montre que c'est le plus petit entier n strictement positif tel que a n = 1.
- Un élément primitif d'un groupe cyclique est un élément générateur.
Applications
Théorie des groupes
Les groupes cycliques sont importants, dans le contexte des groupes abéliens, à la fois pour l'étude des groupes abéliens finis et ceux de type fini. Ils sont en effet les éléments de base de la classification (cf le théorème de Kronecker) . Dans le cas des groupes finis non abéliens le théorème de Cauchy montre l'existence de nombreux sous-groupes cycliques. Ce théorème est utilisé pour la classification des groupes finis, même si fréquemment, certaines formes plus élaborées sont utilisées comme les trois théorèmes de Sylow.
Arithmétique
En arithmétique ces groupes offrent un large répertoire d'outils et permettent de nombreuses démonstrations. Ces outils sont regroupés dans une branche des mathématiques appelée arithmétique modulaire. Ils se fondent sur l'étude des congruences sur l'anneau des entiers. On peut citer comme exemple le petit théorème de Fermat ou encore le théorème des deux carrés de Fermat avec la démonstration de Richard Dedekind. On peut toujours citer la loi de réciprocité quadratique qui repose sur des structures de groupes cycliques. Il existe de nombreux cas où le groupe sous-jacent est abélien fini et non cyclique. Cependant, comme tout groupe abélien fini est un produit direct de groupes cycliques (cf théorème de Kronecker) leur rôle reste prépondérant. On le trouve par exemple dans le théorème de la progression arithmétique. D'une façon plus générale, tout groupe abélien de type fini est toujours produit direct de groupes cycliques (mais certains des facteurs peuvent, cette fois, être cycliques illimités i. e. isomorphes à Z). On peut citer comme exemple d'application le théorème des unités de Dirichlet.
Théorie des anneaux
Les groupes cycliques jouent un rôle dans la théorie des anneaux spécifiquement dans le cas des anneaux unitaires. En effet, l'unité de l'anneau génère (pour l'addition) un groupe cyclique, servant à définir la caractéristique d'un anneau.
Théorie de Galois
Dans le cas spécifique des corps commutatifs, les groupes cycliques ont aussi un rôle essentiel. Une telle structure possède un groupe associé appelé groupe de Galois. Le théorème d'Abel-Ruffini indique que les propriétés de commutativité sont principales pour comprendre la théorie des équations. Le théorème de Kronecker-Weber montre que la compréhension de la résolution des équations algébriques est principalement liée à la structure des extensions cyclotomiques dont le groupe de Galois est cyclique.
La théorie de Galois permet aussi de construire l'ensemble des corps finis, intimement associés à la structure de groupes cycliques. Ainsi le groupe additif est un produit direct de plusieurs occurrences d'un groupe cyclique et le groupe multiplicatif est cyclique.
Théorie de l'information
La théorie de l'information utilise beaucoup les groupes cycliques. Un élément essentiel de la cryptologie se fonde sur le fait qu'il est assez simple de construire un grand nombre premier mais complexe de décomposer un grand nombre en nombres premiers. Ce principe est à la base du Code à clé publique RSA. Les algorithmes de décomposition, appelés test de primalité se fondent particulièrement le plus souvent sur les groupes cycliques. On peut citer comme exemple ceux de Fermat de Miller-Rabin ou encore de Solovay-Strassen
La théorie des codes correcteurs, visant à assurer non pas la sécurité mais la fiabilité, n'est pas en reste. La grande majorité des codes utilisés dans l'industrie font partie de la famille des codes cycliques s'appuyant sur divers groupes cycliques.
Théorème essentiel
Les groupes cycliques possèdent une structure simple à comprendre. Ils forment une structure telle que les puissances d'un élément, bien choisi, génèrent tout le groupe. Cette situation est illustrée dans la figure suivante, qui présentent les racines complexes de l'unité sur un cercle.
L'élément neutre est représenté par un point noir, un élément générateur peut être obtenu en prenant (par exemple) le premier élément en tournant vers la droite, le carré de cet élément générateur s'obtient en tournant toujours dans la même direction. Et ainsi de suite. L'élément n+1 est égal à l'élément 1, n+2 à l'élément 2, et ainsi de suite.
Cn sert à désigner, suivant la convention habituelle, le groupe cyclique d'ordre n.
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
---|---|---|---|---|---|---|---|
C1 | C2 | C3 | C4 | C5 | C6 | C7 | C8 |
La traduction en termes mathématiques est alors la suivante :
- Soit G un groupe cyclique d'ordre n, alors G est isomorphe à Z/nZ.
Ce théorème est important, car il démontre la simplicité d'un groupe cyclique. À la fois, ce groupe est unique pour un ordre donné et , qui plus est , sa structure est limpide. De ce théorème découlent immédiatement quelques corolaires :
- Tout groupe cyclique est abélien.
- Soit G un groupe cyclique d'ordre p. q, où p et q sont deux entiers strictement positifs, alors il n'existe qu'un seul sous-groupe H d'ordre p et , si g est un élément primitif de G, alors gq est un élément primitif de H.
- Le quotient d'un groupe cyclique par un sous-groupe quelconque est un groupe cyclique.
- Soit p un nombre premier : le groupe cyclique d'ordre p est l'unique groupe d'ordre p, à un isomorphisme près.
- Soit G un groupe cyclique d'ordre n, alors G est isomorphe à
.
Si le groupe est cyclique, alors il contient au moins un élément primitif g. Considérons alors φ l'application de dans G qui à un entier p associe g p. Cette application est un morphisme de groupe, en effet :

Par définition d'un groupe cyclique, le morphisme est surjectif. Par conséquent la décomposition principale des morphismes (cf morphisme de groupe) montre que G est isomorphe à au groupe quotient /Ker φ. Le noyau de φ est non nul car sinon il existerait une bijection d'un ensemble de cardinal illimité :
avec un ensemble de cardinal fini G. Le noyau de φ est par conséquent un sous-groupe non vide de
, il existe par conséquent n un entier strictement positif tel que Ker φ = n
(cf paragraphe exemples de sous-groupes). La démonstration est par conséquent achevée.
- Tout groupe cyclique est abélien.
La démonstration précédente montre l'existence d'un morphisme surjectif d'un groupe abélien : de Z vers le groupe cyclique. La propriété de commutativité du groupe de départ est par conséquent transmise au groupe cyclique.
- Soit G un groupe cyclique d'ordre p. q, où p et q sont deux entiers strictement positifs, alors il n'existe qu'un seul sous-groupe H d'ordre p et , si g est un élément générateur de G, alors gq est un élément générateur de H (qui est donc cyclique).
Remarquons dans un premier temps que tout élément gr (comme g est générateur du groupe, pour tout élément du groupe, il existe un unique entier r compris entre 1 et p. q, tel qu'il est égal à gr) d'un sous-groupe d'ordre p de G vérifie l'équation du théorème de Lagrange :

On en déduit que r. p est un multiple de p. q et , par conséquent, r est un multiple de q. Il existe précisément p valeurs envisageables de r, tel que r soit un multiple de q et soit compris entre 1 et p. q. Il n'existe par conséquent que p candidats à être élément d'un sous-groupe d'ordre p. Il ne peut par conséquent exister qu'un seul sous-groupe d'ordre p dans G.
Réciproquement, le sous-groupe génèré par gq est un sous-groupe monogène à p éléments. Il existe par conséquent bien un unique sous-groupe à p éléments, ce qui termine la démonstration.
- Le quotient d'un groupe cyclique par un sous-groupe quelconque est un groupe cyclique.
Les puissance d'un générateur du groupe parcourent l'intégralité du groupe, par passage au quotient, la classe du générateur génère le groupe quotient.
- Pour p nombre premier, l'unique groupe d'ordre p est le groupe cyclique d'ordre p à un isomorphisme près.
Propriétés
Théorème chinois
Le théorème chinois permet la décomposition d'un groupe cyclique fini en groupes cycliques plus petits et , généralement, plus simples. Ce théorème est beaucoup utilisé en théorie algébrique des nombres et plus particulièrement en arithmétique modulaire. Il est aussi à la base de nombreux algorithmes de cryptographie, on peut citer par exemple celui qui est utilisé dans le cryptage RSA. En principe des groupes, le théorème s'énonce de la manière suivante :
- Soient u et v deux entiers premiers entre eux, alors le groupe cyclique d'ordre u. v est isomorphe au produit des groupes cycliques d'ordre u et v.
Note : Si u et v ne sont pas premiers entre eux, alors le groupe produit ne contient pas d'élément d'ordre supérieur au ppcm de u et de v. Ce groupe n'est par conséquent pas isomorphe au groupe cyclique d'ordre u. v.
Ce théorème entraine une décomposition unique d'un groupe cyclique en facteurs premiers, si n est l'ordre du groupe alors le théorème essentiel de l'arithmétique montre que n se décompose de la manière unique suivante :

Ou (pi) est une famille de k nombres premiers tous différents et αi des entiers supérieurs ou égaux à un. Les puissances des nombres premiers du produit sont tous premiers entre eux. Une simple récurrence montre :
- Tout groupe cyclique se décompose de manière unique en un produit de groupes cycliques d'ordre une puissance d'un nombre premier.
- Montrons que si u et v sont premiers entre eux, alors les groupes sont isomorphes.
Soit G (respectivement Gu et Gv) un groupe cyclique d'ordre u. v (respectivement u et v) et d'élément générateur g (respectivement gu et gv). Soit φ l'application de G dans Gu x Gv définie par :

Remarquons ensuite que φ est un morphisme :

Remarquons enfin φ est bijective : En effet, si gm est élément du noyau, alors m est un multiple de u et de v. Comme ces deux nombres sont premiers entre eux, on en déduit que m est un multiple de u. v. Par conséquent gm est l'élément neutre de la totalité de départ, et φ est injective car son noyau est réduit à l'élément neutre. Comme les groupes de départ et d'arrivée ont le même cardinal et que l'application est injective, elle est aussi surjective. Nous avons montré que φ est bijective.
Conclusion : φ est un morphisme bijectif du groupe cyclique vers le groupe produit, les deux groupes sont par conséquent bien isomorphes.
- Montrons que si u et v ne sont pas premiers entre eux, alors le groupe produit ne contient pas d'élément d'ordre supérieur au ppcm de u et de v.
Notons p le ppcm de u et de v. La puissance pième d'un élément quelconque de Gu (respectivement Gv) est égal à l'élément neutre selon le théorème de Lagrange. En effet, p est un multiple de l'ordre des groupes. On en déduit que la puissance pième d'un élément quelconque du groupe produit est égal à l'identité. On en conclut que le groupe produit ne contient pas d'élément d'ordre supérieur à p.
En revanche, G contient par définition un élément d'ordre u. v qui est strictement plus grand que p. Les deux groupes ne peuvent par conséquent pas être isomorphes.Indicatrice d'Euler
Le nombre d'éléments générateurs d'un groupe cyclique correspond à une question importante. Elle intervient par exemple dans les calculs de déterminations des polynômes cyclotomiques ou dans la fonction zêta de Riemann. Cette fonction est généralement notée φ et si n est un entier, φ (n) sert à désigner le nombre d'éléments générateurs d'un groupe cyclique d'ordre n.
La valeur de l'indicatrice d'Euler s'obtient par l'expression de l'ordre u du groupe donnée par le théorème essentiel de l'arithmétique :

Dans la formule, pi sert à désigner un nombre premier et ki un entier strictement positif. Une démonstration est proposée dans l'article détaillé.
Dans le groupe cyclique Z/nZ, si on note ses éléments {0, 1, 2, ..., n-1}, alors les générateurs sont les k qui sont premiers avec n et leur nombre est une autre définition de l'indicatrice d'Euler.
Morphisme
Endomorphisme
Soit G un groupe cyclique d'ordre n, g un générateur et ψ un endomorphisme. La structure de G est entièrement déterminée par l'élément g. En conséquence, ψ est entièrement déterminé par l'image de g.
Soit p l'entier tel que ψ (g) = g p.
Réciproquement, si p est un entier (que on peut choisir entre 1 et n), alors l'application ψ qui à gk associe g p. k définit un endomorphisme.
En effet :

On en déduit les premières propriétés sur les endomorphismes des groupes cycliques :
- Un endomorphisme sur un groupe cyclique est entièrement déterminé par l'image d'un générateur.
- Il existe précisément n endormorphismes sur un groupe cyclique d'ordre n.
L'analyse de la fonction indicatrice d'Euler montre que :
- Il existe précisément φ (n) automorphismes d'un groupe cyclique d'ordre n dans lui-même, si φ sert à désigner l'indicatrice d'Euler.
On peut remarquer, dans le cas où la totalité d'arrivée est différent de la totalité de départ, que si le groupe de départ est cyclique, alors l'image du morphisme est aussi cyclique.
Caractère
Un caractère est un morphisme d'un groupe dans le groupe multiplicatif (C*, ·) des éléments non-nuls du corps des nombres complexes. Cette notion est au cœur d'une théorie importante, celle des représentations d'un groupe fini.
- Il existe précisément n caractères pour un groupe cyclique d'ordre n.
- L'image d'un caractère est la totalité des racines pièmes de l'unité, où p est le cardinal de l'image. On remarquera tandis que p divise n.
En conséquence, tout caractère a pour image un groupe, sous-groupe de la totalité des racines nièmes de l'unité, où n est le cardinal du groupe. Qui plus est , la totalité des racines nièmes de l'unité forme un groupe cyclique.
- Soit g un générateur du groupe cyclique et r une racine nième de l'unité, alors il existe un et un seul caractère ψ tel que l'image de g par ψ soit égal à r. Qui plus est , ψ est défini par l'égalité suivante :

- Soit g un générateur du groupe cyclique et r une racine nième de l'unité, alors il existe un et un seul caractère ψ tel que l'image de g par ψ soit égal à r. Qui plus est , ψ est défini par l'égalité suivante :

L'image d'un générateur détermine entièrement le caractère. En effet, pour tout élément du groupe, il existe un entier m tel que gm est égal à cet élément. Qui plus est , l'application définie par l'égalité précécente est clairement un morphime. La proposition est par conséquent bien démontrée.
- Il existe précisément n caractères pour un groupe cyclique d'ordre n.
C'est une conséquence directe de la proposition précédente.
- L'image d'un caratère est la totalité des racines pièmes de l'unité, où p est le cardinal de l'image.
Voir aussi
Notes
- ↑ Un groupe cyclique n'est par conséquent pas obligatoirement fini, cf résumé introductif ci-dessus, lien externe ci-dessous, et Roger Godement, Cours d'algèbre, Hermann (1966) p. 121
Liens externes
- (fr) groupe cyclique et entier modulaire David A. Madore
Références
- S. Lang, Algèbre, Dunod, 2004.
- J. F. Labarre, La Théorie des groupes, Presses Universitaires de France, 1978.
Recherche sur Amazon (livres) : |
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 10/03/2010.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.